La mauvaise fille
Cette oeuvre témoigne de la violence verbale dont nous sommes ou avons pour la plupart été victimes durant notre enfance, puis tout au long de nos vies. Elle rassemble une collection de paroles prononcées avec colère, mépris, cherchant consciemment ou inconsciemment à blesser ou humilier. Brodées, elles forment ensemble un mur entier de maltraitances.
L’oeuvre a d’abord débuté avec l’univers d’une enfant qui fut à la fois objet d’amour passionnel et de détestation… Et qui servit de défouloir à une mère tourmentée et en déshérence, déversant sur elle un flot de paroles qui finirent par tuer l’innocence, la sécurité, la confiance. La broderie a permis à l’enfant d’extraire ces paroles de sa mémoire, de son corps, de son âme… de jeter, vider, nettoyer toutes les traces, jusqu’à les rendre étrangères à ses cellules-mêmes.
L’oeuvre est également interactive, vivante et évolutive : à chaque exposition, le public est convié à y contribuer et à l’enrichir. Exposée, la collection se déploie ainsi sur deux murs adjacents.
- L’un présente les paroles déjà brodées, celles de l’enfant mêlées à celles du public qui sont venues s’y ajouter.
- L’autre mur, vide, invite les visiteurs à y partager eux aussi les paroles qui les ont un jour tués. Ces paroles sont brodées au fur et à mesure, l’artiste travaillant en direct sur place, et sont ajoutées à la collection sur l’autre mur.
Le mur de broderies devient ainsi témoin, dépositaire et passeur de cette maltraitance si commune et terriblement ordinaire, dont ont souffert toutes ces personnes. Mais grâce à la broderie, ce mur représente aussi pour elles un moyen de s’alléger de leur poids, afin qu’un jour ces paroles ne les tuent plus. Ainsi qu’il en fut pour l’enfant.




